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Musique en herbe
Musique en herbe - Enfance, culture et lien social

Écoles

Historique

Depuis 2000, l’association Musique en Herbe réalise des actions musicales dans plusieurs écoles primaires du département de Seine-Saint-Denis, impliquant les parents à travers un collectage des chansons de leur enfance, dans toutes les langues et partagées avec les enfants. Elles s’inscrivent dans les orientations globales de l’association qui visent à développer et promouvoir des actions artistiques innovantes, impliquant les enfants, leurs familles, et les professionnels de la culture et de l’éducation.

De nombreux enfants d’origines diverses mais aussi de parents français de milieux défavorisés, présentent d’importantes difficultés d’intégration à l’école, (langues différentes, difficulté dans l’expression orale et corporelle…) La relation avec les familles est souvent insuffisante, ce qui bloque une évolution positive. Afin de valoriser le rôle des parents par rapport à leurs enfants, et favoriser une meilleure relation des familles avec les enseignants et le vécu de l’enfant à l’école, la musique constitue, parmi les arts, une matière très riche, tant sur le plan individuel que collectif, capable de créer un lien extra-ordinaire entre enfants, enfants, parents et grands-parents, parents et enseignants. Ces projets s’appuient à la fois sur une longue expérience de l’association dans ce domaine et sur une réelle motivation des écoles (direction et enseignants) pour une meilleure communication avec les familles. L’objectif est également de privilégier l’oralité et l’expression artistique, en particulier pour des familles en difficultés linguistiques, comme dynamique d’expression et de communication.

Le projet se déroule chaque année dans deux écoles maternelles ou élémentaires du département de Seine St Denis, situées en ZEP. Il touche 120 enfants et leurs familles. Villes concernées depuis 2000 : Saint-Denis, La Courneuve, Bondy, Aubervilliers, Clichy-sous-Bois, Sevran, Noisy le Sec. Les projets ont été soutenus par le service culturel de Sevran, le Fonds interministériel à la ville (FIV), L’Éducation Nationale, La DDASS/REAPP, la CAF de Seine-Saint-Denis, le Conseil Régional d’Ile-de-France. Le premier projet s’est inscrit dans le contrat de ville de Noisy le Sec. En 2007, à l’initiative des conseillers pédagogiques en éducation musicale de Seine-Saint-Denis, un partenariat est mis en œuvre avec le Pôle voix du 93, dans le cadre de la charte de développement des pratiques chorales à l’école. Musique en herbe assure la formation et le suivi des musiciens et enseignants dans six écoles élémentaires du département. Parallèlement, l’association est sollicitée par l’Éducation Nationale et le CDRP des Pyrénées-Atlantiques pour des conférences et formations d’enseignants du premier degré afin de développer ce type de projets. 2009 – 2010 : Le temps est venu d’une transmission plus large de ces projets. Une co-écriture s’engage avec les conseillers pédagogiques en éducation musicale pour un document pédagogique destiné aux enseignants, musiciens et intervenants auprès des enfants des écoles. En 2011, l’ouvrage collectif À travers vies, à travers chants, le patrimoine chanté des familles à l’école, paraît. Accompagné d’un DVD, il témoigne à la fois des conditions nécessaires à la construction de ce type de projet et des implications, tant au niveau musical et culturel, qu’éducatif, pédagogique et social.
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À travers vies, à travers chants, le patrimoine chanté des familles à l’école

Auteurs : Chantal Grosléziat et les conseillers pédagogiques de Seine-Saint-Denis

Éditeur : CRDP DE L’ACADEMIE DE CRETEIL

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Témoignages

12 années de collectage à Saint-Denis

Depuis plus de 20 ans, Musique en Herbe s’est engagée dans des projets collectifs de collectage impliquant enfants, parents et enseignants dans les écoles maternelles situées dans des quartiers défavorisés de Seine-Saint-Denis. Contrats de ville, quartiers politique de la ville, ZEP, REP, puis REP+…
Noisy le Sec, Sevran, Saint-Denis, Aubervilliers, Bondy, La Courneuve, nombreuses sont les écoles et les équipes enseignantes qui se sont investies dans ces projets de partage artistique avec les familles, à partir de leur mémoire, de leurs langues parfois fragilisées et revivifiées grâce aux mélodies et aux rythmes des chants de leur enfance.

Dans certaines de ces écoles, un lien durable s’est établi entre le musicien intervenant et les enseignants. L’école Saint-Léger de Saint-Denis fait partie de ces lieux où des années durant, les collectages ont été renouvelés, afin de toucher de nouvelles familles. Peu à peu se sont créés des liens musicaux entre les enfants d’une même famille, une écoute différente et plus nourrie s’est installée entre parents et enseignants. Les projets se sont affinés, tant dans l’organisation que dans le réinvestissement de ces temps forts dans les activités pédagogiques auprès des enfants.

L’article qui suit retrace une aventure de douze années musicales co-écrites entre familles et équipe enseignante, au cœur des cultures enfantines.

 

 

 

 

 

Chants d’ici – chants d’ailleurs

«Chants et comptines au service du langage et du lien école/familles»
École maternelle Saint-Léger de Saint-Denis,
Stéphanie Wongermez et Emmanuelle Deniau

Les séances d’enregistrement avec les parents

Les séances d’enregistrement ont eu lieu selon les années entre Novembre et Mars, en fin de journée, de 16h30 à 19h00 ou quelques samedis matin.

Écoutes, reprise et travail collectif à partir des enregistrements en classe

Afin de valoriser cette collecte, nous proposons un travail d’écoute et de découverte collective, ou par petits groupes autonomes dans un coin d’écoute dédié.

Autour du plurilinguisme : nous identifions les différentes langues, suscitons la parole des enfants : de quels parents s’agit-il ? Est-ce un papa, une maman ?

Explorations sonores avec les enfants ;
– Écoute des comptines du patrimoine (français et langues régionales), dans des langues étrangères.
– Comparaison de comptines dans différentes versions (par exemple « Dansons la capucine » chantée différemment par les deux maîtresses).
– Apprentissage des comptines et chansons simples en Français ou dans d’autres langues (Frères Jacques…).
– Sélection de quelques chants à reprendre en chorale pour une présentation auprès des familles.
– Identification et reconnaissance de différents instruments de musique.

Productions plastiques et visuelles dans le but de créer la pochette et la couverture du carnet de bord

Souvent les pochettes des CD ont été réalisées à partir des projets menés parallèlement en classe : sur un album, un artiste, un auteur, un thème, un mot, une technique plastique… et mis en lien avec le thème de la famille.
Cela peut aller de thèmes comme l’ombre et la lumière, le vent, les contes, le printemps et les insectes… au travail sur un peintre comme Auguste Herbin, ou un illustrateur.

Pour le projet 2022/ 2023 par exemple, dans l’une des 2 classes, les élèves ont représenté leur famille à l’aide de matériaux de récupération : boutons, fil de fer, tissus, peinture encre… Nous nous sommes inspirés des œuvres de Christian Voltz dont nous avions étudié quelques albums. Leurs productions ont ensuite été associées et collées sur des cartons peints en noir, eux-mêmes assemblés et pris en photo pour la jaquette de la pochette et exposés pour la restitution.

Dans l’autre classe, les élèves ont travaillé sur des formes géométriques et des couleurs (découpage, collage, tracé…). Ils ont ensuite découvert le travail de l’artiste Auguste Herbain, qui a réalisé des tableaux composés de formes également géométriques et colorées en créant un alphabet graphique. Dans la classe, nous avons ensuite élaboré notre propre alphabet graphique, à partir duquel chaque enfant a composé son prénom.

Mise en valeur du projet auprès des parents

Afin de mettre en valeur cette année musicale auprès des parents, nous avons chaque année, imaginé une présentation artistique et festive. Les enfants ont participé à la disposition collective des travaux dans le préau. Certaines années, des cartons d’invitation à destination des familles ont été réalisés, alliant travail plastique, graphisme et écriture.

Les dictées à l’adulte des compte rendus de séances

À l’issue de chaque séance, et à partir des photos prises lors des séances, un travail de dictée à l’adulte était mis en place de façon individuelle avec les élèves. Il s’agissait d’observer avec les enfants les photographies en les laissant dans un premier les découvrir et se remémorer le moment vécu. Puis ensuite, en les guidant, en leur posant quelques questions (- Qui vois-tu ? – Avec qui est ton papa, ta maman ? – Que font-ils ? – En quelle langue ont t-il chanté ?…) ; chaque enfant est amené à dicter à l’adulte ses réponses en veillant à moduler son débit pour laisser le temps à l’enseignant qui écrit devant lui tout ce qui est dit. Le compte rendu est ensuite relu et modifié si besoin.

En fin d’année, l’ensemble des photographies et dictées, étaient recueillies dans une sorte de « carnet de voyage », mémoire visuelle accompagnant le CD et son livret.

Évolution de la relation avec les parents

Le projet « chant d’ici et d’ailleurs » favorise le lien école/famille :

Grâce au projet mené pendant de nombreuses années et avec différents acteurs (collectrices, enseignants…), un climat de confiance à long terme a pu s’installer entre les familles et l’équipe enseignante.

Les familles se sentent accueillies différemment, et notent l’importance de garder un lien avec leurs origines et leurs langues pour l’épanouissement de leur enfant.

Les séances d’enregistrements sont souvent des moments de partage.

Nous tenions à accueillir les familles de façon conviviale et prévoyions toujours des gâteaux faits maison et des boissons. Des familles sont même venues elles-mêmes avec des gâteaux (ce qui a permis des échanges de recettes…) et du thé à la menthe.

Les chants permettent aux parents de se référer à leur propre histoire :

Les parents évoquent souvent ce que peut leur rappeler telle ou telle chanson (une chanson chantée à leur enfant, qu’on leur chantait quand ils étaient eux même enfants…)

Parfois les grands-parents viennent aussi chanter, ce qui crée un partage entre différentes générations.

Il est arrivé par exemple qu’une grand-mère accompagne sa fille et sa petite fille et qu’elle se mette à chanter en Kabyle (sa fille très émue ne l’avait jamais entendue chanter dans sa langue maternelle).

Il est arrivé également qu’une grande sœur se « dévoue » pour venir à la place de sa maman et épaulée et soutenue par des mamans présentes, ne parvienne plus à partir.

À travers le partage de cultures très variées, la culture de la maison est valorisée ainsi que la langue parlée à la maison, ce qui permet de régler le conflit de loyauté que peut rencontrer l’élève allophone.

Lors du confinement, le projet a pu être poursuivi malgré les difficultés techniques. Les parents qui n’avaient pas pu venir en classe lors des premières séances ont joué malgré tout le jeu en s’enregistrant à la maison, et en envoyant leur collecte personnelle aux enseignantes. Le lien avec les familles n’a jamais été rompu. Une correspondance sonore a été établie.

Enrichissement personnel

D’un point de vue personnel, il est important de souligner un contact particulier avec les familles. Nous avons pu le constater après une pause de quelques années.

Si un climat de confiance s’installe entre les familles et l’école, le regard des enseignants sur les familles évolue également. Les relations sont facilitées.

Ce projet est aussi très enrichissant pour nous, enseignants : l’accès à des langues, des cultures et histoires différentes des nôtres. On apprend comment on berce sur cette comptine turque son bébé placé sur son pied ; on apprend des chansons de gestes pour compter. On peut redevenir un enfant quand un papa sénégalais venant rarement à l’école et dont on ignorait ses talents de conteur, hypnotise toute une assemblée.

Les comptines d’ici et d’ailleurs permettent également de créer des liens entre les familles : répétitions et soutiens entre mamans devant l’école…. 

 

École maternelle Les Plantes Nantes octobre 2022 – juin 2023

Le projet de collectage a petit à petit trouvé son essor, avec une bonne participation des familles (mamans, papas, couples et fratries). L’ensemble de l’équipe (enseignants et atsem) a souhaité aussi chanter des comptines importantes de leur propre enfance. 72 comptines, chansons et jeux de doigts ont été rassemblés en de multiples langues, zaghawa du Soudan, arabe d’Algérie, Maroc et Tunisie, somali, alsacien, français, malinké de Guinée, portugais, anglais, ouaddaï du Tchad, kabyle, turc, susu de Guinée, dendi du Bénin, roumain, breton, wallisien, vietnamien, japonais, douala de Côte d’Ivoire, batié, bagante et bafoussam du Cameroun, lingala du Congo, wolof du Sénégal.

 

 

 

RÉFLEXIONS DES ENSEIGNANTS : « Nous avons sollicité les parents pour l’écriture des chants (paroles originales et traductions), les avons aidés parfois lorsque les langues n’étaient pas écrites ou non maitrisées par les interprètes. La musicienne nous a aidés pour le recherche de certains chants. Nous avons réalisé collectivement le livret, enrichi par les illustrations réalisées par les élèves de chaque classe. Tout au long de l’année, les enfants se sont montrés surpris et heureux à l’écoute des voix de leurs parents, ils cherchaient à reconnaître les parents de leurs camarades et ont demandé à ré-écouter certaines chansons pour les apprendre. Le jour de la remise des livres-cds aux familles, ils ont d’ailleurs interprété plusieurs comptines apprises en plusieurs langues (français, allemand, wallisien, vietnamien, arabe, anglais et japonais). Les enfants ont pu ainsi découvrir beaucoup de liens entre les langues et les cultures. Ce fut pour nous un projet très épanouissant et qui demande à être renouvelé. »

 

 

 

 

 

Écoles maternelles Bottière, Lucie Aubrac et Jean Zay 1 Nantes 2021/2022

Depuis 2014, grâce au soutien de la ville de Nantes, Musique en Herbe réalise des projets de collectage impliquant enfants, parents et enseignants des écoles maternelles.

Retour sur les 3 écoles qui se sont engagées en 2022 dans ces rencontres, où la transmission que les parents apportent, enrichit le quotidien des enfants et des enseignants.

ÉCOLE MATERNELLE BOTTIÈRE :

Suite à un premier projet réalisé en 2019, l’équipe a souhaité le renouveler et engager de nouvelles classes ; certaines familles se sont inscrites volontiers une seconde fois pour un nouvel enfant.


Quelques réflexions suite à ce projet :

Observations au cours des enregistrements :
¨Moments intimes et joyeux, « hors du temps », moment privilégié pour un échange sensible entre le parent et l’enfant, et l’occasion pour les enseignants de nouer un autre type de relation avec chaque famille.

– Durant l’écoute des enregistrements en classe :
Des moments toujours appréciés de tous, reconnaissance des voix de chaque parent, évocation du titre, du nom de chaque langue. Suite à l’écoute régulière de ces chants, les enfants passent d’un étonnement, de la fierté ou de la gêne, à un intérêt à la musique elle-même, la reconnaissance des mélodies, la signification des paroles. Il devient ordinaire d’écouter les parents chanter.

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– Implications dans le travail de la classe :
Outils au service du langage sous toutes ses formes, objectif premier de l’école maternelle + possibilité d’ouvrir sur beaucoup d’autres domaines : activités artistiques, découverte du monde. Mais aussi : chant choral, écoute d’histoires dans les langues des parents, apprentissage de quelques mots dans ces langues.

– Effets dans la relation entre enseignants et parents :
Ce projet a permis de montrer aux parents concernés par une première scolarisation, une autre facette de l’école, et pour les parents éloignés de la culture scolaire française, d’appréhender l’école d’une manière moins formelle.
Une complicité s’est instaurée avec certains parents. Certains sont venus racnter une histoire et chanter avec beaucoup de sérieux et d’engagement. Beaucoup se sont montrés reconnaissants et fiers.

Petite anecdote du directeur :
Le projet avait déjà été mené en 2019. 3 ans plus tard, une famille qui avait déménagé entre temps à Lille me recontacte toute embêtée me disant que le CD de ‘Musique en herbe’ s’était cassé et qu’il n’avait plus possibilité de l’écouter et me réclamait une copie ; copie qui leur a été envoyée pour leur plus grand bonheur !

ÉCOLE MATERNELLE LUCIE AUBRAC :

ÉCOLE MATERNELLE JEAN ZAY :

 

Écoles maternelles Batignolles et Georges Brassens Nantes 2020 / 2021

Depuis 2014, grâce au soutien de la ville de Nantes, Musique en Herbe réalise des projets de collectage impliquant enfants, parents et enseignants des écoles maternelles.
Cette année, les écoles Jean Zay 1, Lucie Aubrac et Bottière, s’engagent dans une aventure musicale riche de rencontres et de ressources artistiques.

En 2021, malgré les confinements, deux collectages ont rassemblé les voix des familles des écoles Batignolles et Georges Brassens, et furent l’occasion pour parents, enfants et enseignants d’assurer une continuité dans la transmission et l’échange interculturel.

Ecole Batignolles :

Pour l’ensemble de l’équipe, ce projet a demandé un investissement important pour soutenir et accompagner les séances d’enregistrement et le travail d’illustration du livret final.
– Nous retenons les moments de partage avec les parents qui ont renforcé le lien avec l’école et les enseignants.
– Ce furent des occasions d’échanges culturels et de découverte des histoires familiales, de transmission autour de chaque élève.
– Nous avons eu le sentiment que les familles qui venaient nous faisaient un don, voulaient laisser une trace pour leurs générations futures.
– Ce projet d’année a rapproché les familles de l’univers scolaire de leur enfant.
– Les écoutes des premiers enregistrements ont fait apparaître un sentiment de fierté parmi les enfants qui reconnaissaient les voix familières.
– Réticents, timides à l’arrivée de la séance d’enregistrement tous les parents et grands-parents, repartaient heureux, enthousiastes ; certains proposaient même de revenir chanter !
– La situation sanitaire et les contraintes du protocole scolaire ont empêché d’exploiter les prolongements de ce travail, exposition ouverte et chorale étant interdites à l’époque.
– Merci pour ce beau projet qui a rapproché les familles de l’école et ouvert un autre mode de relation entre elles et les personnels de l’école.

Quelques œuvres collectives :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ecole Georges Brassens :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(Turc)

Ecoles maternelles Jean Zay 2 et Camille Claudel Nantes 2019 / 2020

Depuis 2014, grâce au soutien de la ville de Nantes, Musique en Herbe réalise des projets de collectage impliquant enfants, parents et enseignants des écoles maternelles.

Cette année, les écoles Georges Brassens et Batignolles s’engagent dans une aventure musicale riche de rencontres et de ressources artistiques.

En 2020, malgré les confinements, deux collectages ont rassemblé les voix des familles des écoles Jean Zay 2 et Camille Claudel et furent l’occasion pour parents, enfants et enseignants d’assurer une continuité dans la transmission et l’échange interculturel.

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Ecole maternelle Bottière, Nantes, 2018 – 2019

Le projet ‘Musique en herbe’ avec l’intervention tout au long de l’année de Chantal Grosléziat a été un projet structurant pour les 4 classes de l’école y participant. Les temps de collecte de chansons auprès des parents ont été des temps privilégiés et inédits entre l’enfant, le parent, l’enseignant.e et la musicienne; les parents devant se décentrer de leur statut de « parent d’élève » à l’école; cela contribuait à tisser un lien unique entre les différentes personnes présentes. Les chansons et comptines ainsi collectées ont été enregistrées dans plus de 15 langues ou dialectes différents. Leur diffusion régulière en classe a permis de mener des activités riches pédagogiquement : travail autour de l’écoute, reconnaissance et identification des voix, éveil à la diversité linguistique, apprentissage de quelques comptines…
Ce projet pluridisciplinaire a permis de faire le lien avec d’autres domaines d’apprentissages de l’école maternelle. La réalisation en « arts visuels » de fonds colorés pour illustrer le livret final a permis aux élèves de réinvestir toutes les techniques artistiques vues au cours de l’année scolaire. 

Ecole maternelle Le Baut, Nantes, 2017 – 2018

L’école maternelle Le Baut à Nantes appartient au REP+ du collège Stendhal. Elle accueille des familles issues d’origines diverses. Au début de l’année scolaire, la musicienne intervenante a présenté ce projet qu’elle mène depuis de nombreuses années dans les communes de Seine-Saint de Denis (93) à l’équipe enseignante puis elle l’a présenté en détail aux familles de l’école, les invitant à se remémorer des comptines et chansons de leur enfance dans leur langue maternelle qu’elles souhaiteraient offrir à leur enfant et aux élèves de l’école. Les enregistrements ont ensuite pu démarrer. Plusieurs temps ont été proposés aux familles pour venir chanter des soirs après la classe ou des samedis matin. Lors de ces moments, l’enseignante, l’élève et sa famille se retrouvaient autour du micro pour chanter plusieurs chansons courtes. La musicienne fredonnait des chants, d’autres fois, les accompagnait à la guitare… Ce fut l’occasion d’échanges très forts entre les familles et les enseignantes, entre les parents et les enfants. Certaines familles se sont ainsi retrouvées autour du micro : père, grand-père et petits-enfants ou encore mère, grand-mère et petites-filles…

Les enseignantes et les ATSEM se sont, elles aussi, replongées en enfance pour offrir des chants et des comptines aux élèves. Dès qu’une séance d’enregistrement était terminée, un disque était gravé pour chaque classe et c’était le moment d’écouter toutes les chansons offertes. Des yeux ronds se sont ouverts, des sourires se sont fendus sur les petits visages. Les réactions ne se sont pas faites attendre :

« Oh…mais c’est de l’arabe ! »,
« C’est ma maman ! »
« C’est la chanson du papa de…. ! »

Très vite aussi, les élèves ont commencé à reprendre les chants qu’ils entendaient.

Les séances se sont suivies et le répertoire s’est étoffé. Un apprentissage de certains chants a débuté dans les classes. Les enseignantes ont dû s’appuyer sur les connaissances langagières de leurs élèves pour réussir à chanter correctement, elles ont aussi fait venir des parents en classe pour un apprentissage partagé des chants.

En parallèle, un livret illustré était réalisé. Des fonds étaient produits par les élèves pendant les activités artistiques en classe. Les parents ont transmis les paroles des chants dans la langue parlée (plus de douze langues différentes étaient chantées), une transcription phonétique et une traduction était également demandées. La conception du livret a été réalisée par l’équipe enseignante, l’édition par la Ville de Nantes et un CD était gravé pour chaque enfant.

A la fin du projet, en juin, une restitution du projet a eu lieu : la chorale d’école a repris une quinzaine de chants sur les 84 collectés devant un parterre de parents ébahis de voir leur progéniture reprendre ces chansons dans des langues étrangères dont ils ignoraient parfois l’existence ! A la suite du spectacle, chaque enfant s’est vu offrir un magnifique livret avec le CD.

Comme l’expérience fut très riche, les enseignantes ont récidivé en choisissant de chanter une dizaine d’autres chants lors de la fête de l’école quelques semaines plus tard.

Ce projet mené dans une école maternelle a permis dans le domaine de l’Éducation Artistique et Culturelle :

  • de pratiquer des activités artistiques (écoute, chant choral, arts visuels…)
  • -de rencontrer une musicienne.
  • de se produire lors de représentation publique.
  • de créer une cohésion d’école et une culture commune.

Dans le domaine des langues vivantes :

  • d’écouter différentes langues.
  • de reproduire des sons nouveaux et différents.
  • de valoriser les langues parlées et comprises des élèves.
  • de mettre en évidence le multilinguisme comme une richesse.

Et bien sûr, ce projet a donné l’occasion de construire un dialogue de qualité avec les parents, les familles. Des familles éloignées de l’école ont pu y trouver leur place. Les langues différentes entre celles des familles et celle de l’école parfois vécues comme une barrière furent ressenties comme un trait d’union, un partage réel. Humainement, se replonger dans l’enfance a été le moyen d’exprimer des émotions très fortes entre les enfants, leur famille et leur maîtresse. L’histoire familiale a ainsi été partagée…et la communauté scolaire a pris tout son sens.

Un tel projet ne peut voir le jour qu’avec l’appui d’un professionnel très expérimenté. Il nécessite un savoir-faire, une justesse et une délicatesse dans les relations tant avec les enseignants qu’avec les familles et les enfants, ainsi qu’une large connaissance des chants, des langues et cultures permettant au projet de se dérouler pleinement.

Les graines semées lors de l’année scolaire 2017/2018, ont ensuite germé au cours de l’année 2018/2019. Sous la forme d’une semaine des langues, des liens identiques ont pu se nouer. Comptines, chants, calligraphie, objets, recettes ont ainsi été partagés. Un livret bilan a été à nouveau offert aux familles et aux élèves.

Mélina Tual, directrice de l’école maternelle Le Baut

Ecole maternelle Le Plessis-Cellier, Nantes, 2016 – 2017

« Un projet rempli d’émotions, de partage. Une ouverture culturelle très riche. Un projet qui renforce le lien avec les familles et qui rassemble. De très beaux moments lors des enregistrements. La chorale, avec la participation des parents qui ont pu chanter avec leurs enfants, reste également un magnifique souvenir de ce projet. Nous souhaiterions vraiment avoir l’occasion de renouveler l’expérience. »

Mélanie Darnis, directrice de l’école du Plessis Cellier

École maternelle Saint-Léger, Saint-Denis, 2006 – 2014

En 2006, un 1er projet d’action musicale reliant parents, enfants et enseignants a été réalisé dans le cadre du contrat de ville de St Denis. Recevant un écho particulièrement positif dans ce quartier ZEP, il a été reconduit avec le soutien de la DDASS de Seine St Denis puis du Conseil Régional Ile de France.
  • Action musicale impliquant enfants, parents et enseignants.
  • Enregistrements
  • Écoutes musicales
  • Recherche de répertoires
  • Accompagnement des parents, reprise du répertoire avec les enfants et diverses activités pédagogiques induites par l’apport culturel et artistique des parents.
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Photo : Christophe Gaessler
  À la recherche des chansons oubliées
Photo : Christophe Gaessler
  Universalité des jeux chantés et des comptines pour se découvrir dans la relation à l’autre.

Echos des enseignants et des parents

« Les enfants ont beaucoup de plaisir à écouter leurs parents et ceux des autres. Ils rentrent volontiers dans la dynamique des rythmes, des mélodies et des paroles avec toutes leurs couleurs et leur musicalité. Les parents sont au premier abord réticents à cause d’une certaine gêne ou peur de chanter au micro, l’impression de ne pas savoir chanter, mais ils ont compris que ce serait un magnifique cadeau pour leur enfant. Ils ont enregistré leur voix en présence de leur enfant (mémoire vivante), ce qui a détendu le climat d’appréhension, leur a donné confiance et courage. Après l’enregistrement, on a pu constater l’épanouissement des parents vis à vis de l’école, une grande réjouissance, toute la fierté d’avoir réussi à faire le cadeau de sa voix, pour son enfant, pour les autres aussi… fierté d’avoir pu retrouver et restituer une partie intime d’eux-mêmes, de leur propre langue, de leur propre enfance, fierté que l’école s’intéresse à eux pour ce qu’ils sont et les valorise. Cette trace « du monde » qui fixe sur le disque une part de culture orale traditionnelle, issue de toutes origines géographiques, s’inscrit dans le temps des premières classes de la vie scolaire, permet aux enfants de traverser le temps, de relier le passé familial au présent de l’école et ouvre vers le futur. Elle permet une projection positive sur l’avenir. » « Cette reconnaissance des parents et de leurs savoirs par l’école, cette valorisation du domaine familial, a produit en retour, une transformation de l’image de l’école. Elle se trouve ainsi investie d’une confiance accrue et, par effet de transitivité, valorisée par les enfants et leurs familles. Tous ces échanges ont produit une coopération resserrée entre l’école et la famille entraînant une plus value notable dans la qualité des enseignements. Les enfants ont pu profiter de cette collaboration éducative pour accroître leurs apprentissages, les consolider dans un sentiment de confiance instauré par ces moments vécus, chargés en émotion personnelle et affective partagée. Cela a eu également une incidence certaine dans l’accompagnement des parents pour tous les autres projets de l’école (sortie, fêtes, spectacle). Ils ont changé leur regard sur l’école, se sont investis dans la scolarité de leurs enfants avec une approche plus curieuse et compréhensive. » « Ce projet s’est inscrit idéalement dans les programmes, le vivre ensemble, la découverte du monde, la maîtrise de la langue et dans le projet de réussite éducative. » Un papa : « C’est un beau projet. Pour favoriser, cultiver la mixité culturelle. C’est bon pour l’éveil des enfants, éveiller sa curiosité intellectuelle. Ça lui montre qu’en dehors de son cadre naturel, il existe d’autres langues, que ses origines ne sont pas ici, que ses parents sont venus d’ailleurs. Même petit, ça l’aide à se poser pas mal de questions. Tout cela contribue à être plus tolérant plus tard. »

École maternelle St Exupéry, Sevran, 2002 – 2006

Projet réalisé à l’initiative du service culturel et dans le cadre du festival « Rêveurs éveillés », sur le thème du plurilinguisme, puis soutenu par le conseil général et la DDASS de Seine St Denis. 2002-2003 : Projet réalisé dans deux classes.
  • Implication des parents à la recherche d’un répertoire de comptines dans la langue d’origine
  • Transmission aux enfants et aux enseignants
  • Création d’un livret-CD illustré par les enfants
  • En 2003, participation d’un groupe de parents et leurs enfants au concert du groupe ZHAR, musiciens traditionnels de musiques arabo-andalouses.
2004-2006 : Approfondissement et élargissement sur deux autres classes de l’école

Séquence d’enregistrement avec les parents

L’enregistrement est l’occasion d’une recherche commune, d’un plaisir commun. Ici, une berceuse vietnamienne

Échos des enseignants

« Le dialogue enseignant parent s’est installé de façon plus naturelle parce que nous avons vécu un véritable échange de compétences. » « Je n’avais jusque-là jamais trouvé une telle facilité de communication avec les parents, recherchant toujours au mieux comment leur dire ce que j’avais à leur dire… C’était comme si une barrière venait de tomber. » « Vers la fin de l’année, pendant trois semaines, nous écoutions chaque jour deux à trois chansons du disque. Les enfants recherchaient d’eux–même qu’elle était la langue utilisée et qu’elle était la signification des paroles. Plusieurs chansons turques ont été enregistrées. Trois avaient été apprises dès le début du projet et l’une d’elles est devenue le tube de la classe. » « Au niveau des apprentissages, le projet a favorisé une expression corporelle (liberté de mouvements), l’échange, le plaisir de vivre ensemble, et le travail du rythme corporel et verbal. » « En partant des chansons enregistrées, nous avons pu mettre en correspondances ces langues différentes et les cultures de ces différents pays, notamment par l’intermédiaire de costumes traditionnels apportés par les parents ou de photos, objets, et du repérage des origines de chacun sur une carte du monde. Nous aurions pu aussi étudier l’habitat, la nourriture, le milieu de vie des animaux… Cela m’a permis de trouver un moyen pédagogique pour mettre en évidence la différence de chacun et de construire des apprentissages en partant de cette différence. » « C’est un projet qui dès le départ a été bien vécu par les parents. C’est important qu’il y ait un partenariat avec les parents, que les désirs des enseignants et des parents aillent ensemble. Les parents nous confient leur enfant en disant : Il faut que vous leur appreniez. Ici, on demande aux parents de nous apprendre. Pour que les parents aient de nouveau de l’intérêt et l’accès au vécu scolaire de l’enfant, il est primordial que des liens se fassent autrement que par le biais du scolaire, et qu’ils soient reconnus dans leurs fonctions éducatives… À ce titre, la musique a été une médiation formidable. » « Le désir des parents est bien là, camouflé. Il faut de la médiation pour permettre que ce désir s’exprime. Le rôle de l’intervenant extérieur est de prendre ce temps, cette fonction médiane, interface entre le parent et l’institution… »

Écoles maternelle Bayard et élémentaire Quatremaire, Noisy le Sec, 2003

Projet soutenu par la DDASS de Seine St Denis et réalisé dans deux classes de chaque école.
  • Animations musicales parents-enfants
  • Recherche de comptines par les enfants et les parents dans les langues des familles
  • Rencontre inter écoles dans le cadre d’une soirée contre le racisme
  • Réalisation d’un CD pour chaque enfant

Echos des enseignants

« Motivation et plaisir de partager un temps de classe avec les parents. » « Mise en valeur de la culture et des origines de chacun d’où une prise de confiance en soi. » « La non maîtrise de la langue française est moins considérée comme un handicap. » « Écoute et sensibilisation aux autres langues. » « Certains enfants en difficulté se sont épanouis grâce à ce projet. » « Des parents qui n’osaient pas rentrer dans l’école osent venir maintenant (familles non francophones). » « Une possibilité nouvelle de connaître mieux les familles. » « Possibilité de les faire participer et de s’investir dans la vie scolaire de leurs enfants. »

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